Notre-Dame-des-Landes Nouvelles mobilisations avant une audience à risques mercredi
Nantes, 11 jan 2016 (AFP) - Après le blocage du périphérique nantais samedi, les opposants à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) appellent à de nouvelles mobilisations avant une audience à risques mercredi, qui se penchera sur l'expulsion de onze familles et quatre agriculteurs « historiques ».
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Lundi en début d'après-midi, des agriculteurs ont commencé à mener des blocages sur plusieurs axes routiers autour de Nantes, sur des routes départementales et au niveau de rond-points, à l'aide de « 80 tracteurs au total et des véhicules », a-t-on appris auprès de l'organisation paysanne Copain44. L'impact de ces actions sur le trafic restait toutefois très limité en milieu d'après-midi, selon le Centre régional d'information et de coordination routières (Cricr).
De fortes perturbations sont en revanche à prévoir mardi dès 7 h 30 sur le périphérique de Nantes, où des opérations escargot doivent être menées par les opposants au transfert de l'actuel aéroport en plein bocage, avant un rassemblement mercredi devant le palais de justice de Nantes.
Ces actions se poursuivront tant que les opposants n'auront pas « la garantie, claire et sans ambiguïté » que l'État « renonce à toute procédure d'expulsion », a prévenu la coordination.
Mise en suspens en 2012 peu avant les dernières tentatives d'évacuation de la « Zad » - Zone d'aménagement différé dédiée au projet, rebaptisée « zone à défendre » par les opposants -, la procédure visant à expulser les derniers habitants du site où doit être construit le futur aéroport nantais a été relancée à l'automne, après l'annonce d'une reprise des travaux pour début 2016. Onze familles, anciens propriétaires ou locataires de maisons rétrocédées à Aéroports du Grand Ouest (AGO), filiale du groupe Vinci et concessionnaire du site, et quatre exploitants agricoles qui ont refusé de vendre leurs terres à l'amiable, sont assignés mercredi à 11 h devant le juge de l'expropriation du tribunal de grande instance (TGI) de Nantes statuant en référé (procédure d'urgence). La société réclame leur expulsion immédiate, assortie d'une astreinte journalière de 200 à 1.000 euros et d'une mise sous séquestre de leurs biens et cheptels s'ils n'obtempèrent pas, un « coup de massue sur la tête » pour Sylvain Fresneau, l'un des paysans menacés d'expulsion. « Dans les onze familles, il y a mon tonton de 83 ans qui est né là. Je suis né là. C'est nos racines qu'on couperait », explique-t-il. A l'inverse, 244 autres personnes qui vivaient sur le site ont accepté, depuis 2008, date de déclaration d'utilité publique du projet, de partir à l'amiable, rappellent les partisans de l'aéroport.
L'annonce, le 30 octobre par l'État, de la reprise des travaux, s'est traduite notamment par le paiement des indemnités d'expropriation. Une fois ce règlement effectué, les détenteurs sont tenus de quitter les lieux dans le délai d'un mois, et s'ils refusent, il peut être procédé à l'expulsion des occupants, prévoit le Code de l'expropriation.
Les opposants accusent François Hollande d'avoir « trahi » son engagement, pris en 2012, de geler les expulsions tant que les recours déposés contre le projet n'avaient pas été épuisés, ce qui inclut, selon eux, les procédures d'appel.
Poursuite des blocages
Leur démonstration de force samedi et la mobilisation à pied, en vélo ou en tracteur de milliers de personnes - 7.200 selon les autorités, 20.000 selon les organisateurs - sur le pont de Cheviré, l'un des principaux ponts sur la Loire, paralysant ainsi le trafic sur le périphérique de Nantes, s'est conclue sans que les manifestants n'obtiennent ce qu'ils réclamaient, l'annonce par le chef de l'État d'un « abandon immédiat » de la procédure d'expulsion.
Face à la « surdité du gouvernement », les différentes organisations d'opposants ont annoncé la poursuite d'actions de blocage. Les zadistes appellent à des opérations escargot mardi matin sur le périphérique de Nantes, et l'Acipa, principale association d'opposants, à un rassemblement devant le palais de justice mercredi avant le début de l'audience.
Après avoir « accepté de fermer partiellement pendant quelques heures le périphérique » pour la manifestation de samedi, le préfet de Loire-Atlantique, Henri-Michel Comet, a prévenu qu'il « n'(était) pas question d'interrompre à nouveau la circulation » et que « si d'autres manifestations doivent être organisées », elles doivent l'être « de manière sereine ». Qualifiant l'évacuation par les forces de l'ordre de la soixantaine de tracteurs et de centaines de personnes qui continuaient à bloquer le périphérique samedi soir de « première victoire contre les zadistes », le nouveau président LR de la région Pays de la Loire, Bruno Retailleau, a réclamé à nouveau l'évacuation de la Zad, tandis que le président PS du département de Loire-Atlantique, Philippe Grosvalet, a demandé par courrier à François Hollande le « démarrage des travaux dès février 2016 ».
Le transfert de l'actuel aéroport vers le site de Notre-Dame-des-Landes, à 20 km au nord de l'agglomération, devait initialement s'achever en 2017 avec l'inauguration de la nouvelle infrastructure.
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